Version 2.0
Cela fait des mois.
Des mois que je n’ai pas fini un livre.
Des mois que je n’ai pas écrit.
Des mois que je ne fais plus de sport.
Des mois que je ne m’investis plus dans mes cours.
Des mois que tout ce qui m’intéressait autrefois ne me laisse plus qu’un goût fade en bouche.
Des mois que je me suis mis à fumer, aussi.
Des mois que je pleure, parfois sans raison.
Je ne veux pas prétendre être en dépression. Certaines personnes ont traversé des épreuves difficiles, ce sont elles qui ont la légitimité d’être malheureuses. Mais moi ? Une connaissance m’a soufflé un jour, un peu surprise après mes confidences, que je pouvais tirer de ma vie un scénario pour Hollywood. Cela m’avait fait sourire. Soit, je n’ai pas été particulièrement gâtée, j’ai eu mon lot de difficultés, comme tout un chacun. Pourtant, je m’en étais sortie, bien sortie. Le brouillard se dissipait peu à peu, passant d’une opacité aveuglante à une transparence prometteuse. J’entrevoyais l’horizon.
D’où viennent ces nuages, alors ? Pourquoi se sont-ils mis à enfler ? Pourquoi, certaines fois plus que d’autres, sont-ils si volumineux qu’ils en obscurcissent le ciel que j’ai si durement éclairci ?
Je ne veux plus me laisser ballotter par les aléas du temps. Je ne veux plus être la victime. Je ne veux plus me laisser submerger par toute cette mélancolie venue d’on ne sait où, qui n’a pas lieu d’être. Je ne veux plus me haïr, être dégoûtée par ce que j’entrevois dans mon miroir chaque matin. Je ne veux plus regarder les jours passer, tous semblables les uns aux autres. Je veux devenir meilleure, je veux devenir autre. Je veux devenir une version 2.0 de moi-même.
Combien de fois me le suis-je dit, tout cela ? Combien de fois ai-je promis de faire des efforts ? La motivation, chez moi, c’est l’affaire d’une journée. La procrastination, en revanche, est mon amie de tous les instants.